“Février sans supermarché” : et si on s’y mettait ?

Lancé par le média suisse centré sur l’écologie En Vert et Contre Tout en 2017, cette initiative qui surfe sur la vague des bonnes résolutions de ce début d’année frappe encore plus fort que lors des trois précédentes éditions, comme en témoigne l’étendue de sa couverture médiatique ces derniers temps.

Tendance au cœur de l’actualité ou signe d’une véritable mutation des formes de consommation ? La question se pose. Quoi qu’il en soit, le défi consiste à éviter, durant tout le mois de février, les grandes surfaces et les enseignes de la grande distribution pour se tourner davantage vers les petits producteurs, les épiceries locales et les commerces de quartier, les petits marchés du dimanche…

Que l’on se rende déjà le moins possible dans les grandes surfaces par goût, par choix ou par engagement, que l’on se soit fixé comme objectif à court terme de découvrir davantage les alternatives qui existent aux enseignes de grande distribution ou que l’on soit simplement tenté par ce challenge qui invite à découvrir – ou à redécouvrir – son quartier, sa ville, sa région, son terroir différemment, « février sans supermarché » nous propose de réfléchir à nos modes de consommation.

Privilégier le commerce de proximité

L’idée n’est pas d’appeler au « boycott » de toutes les enseignes de la grande distribution, rappelle Leïla Rölli, la fondatrice d’En Vert et Contre Tout, bien que ce soit « aussi l’opportunité de faire savoir aux grandes surfaces que nous ne sommes pas d’accord avec le suremballage, le kilomètre alimentaire qui explose les scores ou les politiques de prix qui écrasent les petits producteurs et tuent le commerce de proximité » indique le site[1].

Et février n’est pas un mois choisi au hasard. Situé après les fêtes de fin d’année et les soldes et avant Pâques et les week-ends prolongés de mai, il est, pour les commerces de proximité, les magasins indépendants et les producteurs locaux, l’un des mois les plus difficiles de l’année.

L’objectif de cette action est donc de permettre aux consommateurs de nouer un lien plus étroit et plus direct avec les commerçants et les producteurs qui les entourent, de découvrir les nombreuses alternatives qui existent aux grandes surfaces, d’apprendre à varier les sources d’approvisionnement, d’encourager le circuit court, de s’essayer à la vente en vrac, de remettre de la vie dans les centres-villes et de favoriser une alimentation locale et de saison.

Repenser sa manière de consommer

Plus encore que ne pas se rendre dans les grandes surfaces, « février sans supermarché » invite plutôt à faire prendre conscience à chacun de ses propres habitudes et leurs incidences sur le monde dans lequel nous vivons.

En effet, les impacts de la consommation industrielle, tant en termes environnementaux que sociaux, sont de plus en plus fortement remis en cause mais restent la norme. Cela fait tellement partie de notre vie et de notre quotidien qu’il nous semble difficile de nous en passer. Consommer mieux pour encourager un autre modèle économique, social et agricole ne vient pas tout seul et cela s’apprend.

Il s’agit de se recentrer sur l’essentiel, d’éviter les achats superflus, compulsifs, inutiles, de toujours privilégier ce dont nous avons vraiment besoin, attitude que n’aident pas les grandes surfaces avec leurs parcours passant par tous les rayons, de telle sorte que l’on se retrouve toujours à acheter quelque chose qui n’était pas vraiment nécessaire. En revanche, cela permet de lutter également contre le gaspillage alimentaire.

Par ailleurs, de nombreux participants aux éditions précédentes de ce défi ont noté une baisse significative de leurs dépenses et assurent avoir même économisé en passant par les circuits courts, ce qui est dû justement à une organisation cloisonnée des postes de consommation nécessaires. Aucune chance que vous soyez tenté par des barres chocolatées chez le boucher….

Alors quelle alternative au supermarché ?

Là, c’est le moment où vous devez vous dire que c’est plutôt bien tentant de vous essayer à ce défi mais que vous ne savez pas vraiment où trouver ce que vous achetez généralement au supermarché. Voici quelques pistes pour vous aider :

Les commerçants de proximité

Aller chercher son pain chez le boulanger, sa viande chez le boucher, son poisson chez le poissonnier a finalement quelque chose d’assez logique. Mais plus encore que cela, ces petits commerces de proximité, y compris les épiceries dans lesquelles vous pourrez trouver liquide vaisselle, éponges, papier toilette, savons, etc., animent les centres-villes et les quartiers. Ils sont aussi plus enclins à vendre des produits locaux et créent du lien social.

Les petits marchés du dimanche (ou du mercredi, ou du jeudi…)

Souvent implantés en centre-ville ou dans des quartiers animés, ils sont toujours promesse de bonne ambiance et de convivialité. On y trouve une grande variété de produits frais. Le mieux est, bien entendu, de privilégier les producteurs locaux plutôt que les revendeurs et les fruits et les légumes de saison. C’est l’occasion de découvrir des produits dont vous ne soupçonniez peut-être pas l’existence, de donner leur chance aux légumes « moches » ou non calibrés et d’impressionner toute la famille avec de nouvelles recettes inédites.

Les drives fermiers et les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne)

Ces deux procédés, basés sur le circuit court, impliquent une vente directe du producteur au consommateur, l’un à l’aide d’un distributeur ouvert 24h/24, 7j/7 en self-service, l’autre sous forme de panier à retirer une fois par semaine. Les deux sont constitués uniquement de produits frais, locaux et de saison, venus directement de l’exploitation la plus proche. Pas d’intermédiaire, une traçabilité à tout épreuve et l’occasion de se laisser joliment surprendre, tout en favorisant l’économie locale.

Quatre astuces pour vous lancer… et tenir le mois sans craquer !

Rejoindre un groupe Facebook

Depuis le lancement du projet il y a maintenant 3 ans, de nombreux groupes Facebook régionaux se sont constitués autour de « février sans supermarché » : échanges de bons plans, bonnes adresses, message de soutien, solutions DO IT YOURSELF et surtout beaucoup de solidarité sont au rendez-vous. Vous vous sentirez moins seul dans votre démarche !

Faire du repérage, essayer, se tromper, recommencer

Peut-être que le boucher le plus près de chez vous ne vous satisfera pas et qu’il vous faudra traverser la moitié de la ville pour aller chercher le meilleur croissant. Ce n’est pas grave, toutes les adresses locales ne se valent pas et trouver la bonne – celle qui nous plaît vraiment et dans laquelle on se sent bien dès qu’on ouvre la porte – demande un peu de temps. Essayez et puis recommencez !

Être indulgent avec soi-même

L’idée de ce challenge n’est absolument pas de vous faire culpabiliser, ni d’être moralisateur. Chacun fait en fonction de ses possibilités. Le plus important, c’est de comprendre qu’il existe des alternatives, de les essayer, peut-être de trouver celle qui vous plaira le plus, tout en acceptant de ne pas être parfait et d’aller, en cas de soirée improvisée, vous dépanner dans un supermarché.

Investir dans du beau matériel

On dit souvent que pour se remettre au sport, il faut s’acheter une nouvelle tenue. Pour modifier ses habitudes de consommation, c’est un peu la même chose. Récupérez des bocaux et peignez-les pour les personnaliser, trouvez des petits sacs étanches aux couleurs joyeuses pour le vrac, transformez un vieux filet en sac de courses, investissez dans trois ou quatre tote bags à dessin ou à message vous caractérisant avec humour… Vous aurez plaisir à faire vos achats dans des contenants avec lesquels vous êtes en phase.

[1] https://envertetcontretout.ch/2020/01/12/4e-edition-du-defi-fevrier-sans-supermarche/