Comment aider nos agriculteurs ?

Un métier millénaire

Le secteur de l’agriculture que nous connaissons aujourd’hui est bien différent de celui d’autrefois. En effet, depuis des millénaires, l’agriculture existe et a été indispensable pour nourrir les hommes. Tout d’abord, agriculture de subsistance où chacun ne produisait que les fruits, légumes ou la viande dont il avait besoin pour sa propre consommation, les innovations techniques, industrielles, chimiques puis génétiques ainsi que l’accroissement constant de la démographie ont rapidement propulsé l’agriculture de nos ancêtres au rang d’agriculture intensive où la recherche du rendement et de la quantité a parfois nui à la qualité et au goût des produits et a surtout beaucoup changé le métier en lui-même. Ce qui était autrefois une tradition familiale avec une passation de père en fils des exploitations souffre aujourd’hui d’une précarité d’emploi et de plus en plus de jeunes renoncent à reprendre l’entreprise familiale, au vu des difficultés qui les attendent.

Un présent compliqué

Et pourtant, beaucoup des producteurs agricoles aiment leur métier passionnément. Mais le constat est toujours le même et la liste des difficultés est longue : avec les intempéries et les caprices de la météo, les agriculteurs sont les premiers touchés par les modifications et dérèglements climatiques qui peuvent détruire entièrement des récoltes et rendre, en tous cas, le rendement imprévisible. Avec la concurrence de la production étrangère, ils sont parfois contraints de vendre des produits à perte. Avec l’obligation de s’équiper en machines toujours plus performantes mais plus chères, ils rencontrent de gros problèmes économiques et souffrent d’un endettement qui les oppressent. Et puis, il y a le diktat des géants de l’agro-alimentaire et des grandes surfaces qui imposent des critères très précis : taille, forme, couleur, variété mais surtout le prix des produits dont les producteurs agricoles ne touchent qu’une infime partie.

Un avenir ?

Sauf que… nous, consommateurs, devenons de plus en plus exigeants quant à la qualité de ce que nous consommons et nous sommes de plus en plus friands de produits labellisés BIO, de produits avec une AOP ou plus simplement de produits locaux, de saison et de nos terroirs. Alors quel avenir pour nos agriculteurs et comment peut-on aider grâce à cette prise de conscience qui nous anime et qui permettrait de relancer leurs activités ? Car les aider, c’est aussi miser sur l’avenir afin de pouvoir retrouver le goût du naturel et des produits d’antan. C’est aussi réaliser l’importance de la qualité sur la quantité. C’est accepter de payer le prix juste qui sera représentatif du travail de ces hommes qui cultivent la terre pour nous.

Bien sûr, nos agriculteurs se battent pour s’en sortir : ils se regroupent en coopératives ou en associations pour faire face à la concurrence, pouvoir « éponger » les sommes astronomiques que réclament les équipements pour la modernisation et la diversification et pouvoir envisager de prendre un peu de vacances de temps à autre.

Bien sûr, ils adoptent eux-mêmes des solutions pour apporter leur pierre à la préservation et faire un geste pour la planète comme la culture alternée de plantes épuisant la terre et de plantes fertilisant la terre, comme le développement de la production BIO ou en équipant leurs fermes d’unités de méthanisation qui utilisent les lisiers des animaux pour produire du gaz.

Bien sûr, des actions ont déjà été lancées pour les aider à rester compétitifs: les AREA (Aide à la Relance des Exploitations Agricoles) ont été mises en place, voire même des collectes de fonds de solidarité.

Bien sûr, des initiatives comme les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), les systèmes de cueillettes en plein air à faire soi-même ou les drives fermiers ont vu le jour pour rendre accessibles les produits de la ferme au plus grand nombre et ils nous permettent de trouver des produits locaux et de saison de qualité tout en ayant la possibilité de rencontrer les producteurs.

Ils sont autant de moyens de recréer le lien social entre les campagnes et les milieux urbains et ils sont aussi un moyen de retrouver le goût de la terre qu’un certain archaïsme nous fait porter en chacun de nous.

Mais ne pouvons-nous pas faire plus ?

Nos écoles ou collèges pourraient organiser plus souvent des visites à la ferme pour les cours de sciences ou pour faire découvrir aux enfants que les fruits ne poussent pas dans les supermarchés. Sûr que les enfants seraient ravis de déguster ou de cuisiner les pommes qu’ils ont cueillies eux-mêmes sur l’arbre ou de faire une salade de fruits rouges avec tout ce qu’ils ont ramassé.

Il pourrait y avoir des partenariats comme un genre de service civique dans le cadre desquels nos mairies « prêteraient » de la main d’œuvre aux exploitants agricoles au moment des grandes récoltes ou des vendanges.

La communication également pourrait être accrue pour prouver la place importante des exploitants agricoles dans nos vies avec au moins une information les concernant (pour des nouvelles positives ou négatives) et un temps de parole qui leur serait donné dans les journaux quotidiens.

Mais surtout, nous avons tous un rôle à jouer à notre petite échelle en changeant nos habitudes d’achat et de consommation et en privilégiant tous les circuits courts comme les AMAP et les drives fermiers grâce auxquels les exploitants agricoles sont mieux payés et nous garantissent des produits plus sains, de meilleure qualité avec des goûts sans équivalence comparés à tous les produits aseptisés des grandes surfaces.

On peut aussi leur montrer que nous sommes conscients de leurs difficultés aussi bien que de leur importance. Tout d’abord, en n’hésitant plus à parler de toutes ces actions autour de nous, en utilisant les moyens modernes de communication que sont les réseaux sociaux pour qu’ils sachent qu’on les soutient. On pourrait y échanger nos expériences, nos idées de recettes et relayer nos satisfactions des produits découverts en AMAP ou en drives fermiers pour inciter nos concitoyens à y aller.

Il ne faut non plus pas hésiter à les rencontrer pour pouvoir leur dire nos attentes et nos envies. Plus de consommateurs satisfaits voudrait dire plus de besoins en AMAP et drives fermiers et donc plus d’agriculteurs concernés qui pourraient rejoindre le mouvement et nous aider à réinventer l’alimentation de demain.

Quels genre de produits peuvent être commercialisés dans un Drive Fermier ?

Le drive est l’endroit parfait pour pouvoir montrer la diversité des produits cultivés et produits dans nos fermes. Les produits doivent être garantis 100% fermiers, avoir été cultivés ou transformés localement voire représentés des spécialités typiques du terroir. Ils sont constitués de produits de saison qui changeront donc au cours de l’année. Les produits peuvent être bruts – fruits, légumes, farine, lait, miel, vin, œufs, viande, poisson et même fleurs… – ou transformés – huile, produits laitiers, fromages, charcuterie, boulangerie et pâtisserie… Dans tous les cas, ils devront respecter les modes de production et de transformation conformes à la Charte de l’Agriculture Paysanne. C’est la garantie de proposer des produits sains, aux qualités gustatives incontestables et à la traçabilité sans faille. Les prix seront toujours calculés au plus juste puisqu’ils permettent à l’agriculteur de couvrir ses frais de production et de dégager un revenu décent mais l’absence d’intermédiaire et d’emballage rend le produit plus abordable pour le consommateur.

Pourquoi devenir acteur avec un Drive Fermier ?

Le monde de l’agriculture n’est plus tout à fait comme celui que l’on a connu autrefois et il est nécessaire de moderniser ce métier qui nous vient de si loin. Si le drive fermier représente un véritable engagement de la part du producteur agricole en termes de respect des pratiques de culture, d’investissement en temps, de linéarité dans la proposition des produits et de fidélisation de la clientèle, il apporte également un certain nombre d’avantages : contrairement à ce qui se passe dans le commerce avec la grande distribution, le producteur ne travaille plus seul face aux acheteurs.

Le travail en commun, la participation à une collectivité et la nécessité de se concerter pour s’entendre sur un agenda ou sur les produits à cultiver permet aux agriculteurs de sortir de leur isolement. Ils peuvent créer un contact direct avec les clients et cette transparence et ce lien privilégié ne peuvent que valoriser l’image du travail à la ferme. Il se peut que certains producteurs aillent parfois bien au-delà de la simple vente en circuit court et en viennent à proposer des accueils ou des activités à la ferme, des possibilités de dégustation ou de restauration sur place, voire des séjours loisirs avec découvertes des métiers de la ferme pour les jeunes comme pour les plus grands.

Si le drive fermier fonctionne très bien, il pourra s’étendre, accueillir de plus en plus d’agriculteurs et inciter ainsi une jeunesse hésitante à se lancer dans ce métier indispensable à notre avenir.  Cette modernisation et cette extension d’un métier ancestral rendu accessible à tous nous permettent un rapprochement avec le nature toujours plus sollicité et rendu nécessaire par nos vies modernes actuelles.